Les instruments de financement dilutif occupent une place centrale dans l’écosystème du capital-risque. Pour les investisseurs, en comprendre la diversité, leurs mécanismes, leurs avantages et leurs risques est essentiel pour structurer des opérations efficaces, aligner les intérêts des parties prenantes et maximiser la création de valeur.
Les instruments de financement dilutif occupent une place centrale dans l’écosystème du capital-risque. Pour les investisseurs, en comprendre la diversité, leurs mécanismes, leurs avantages et leurs risques est essentiel pour structurer des opérations efficaces, aligner les intérêts des parties prenantes et maximiser la création de valeur. Cet article propose un panorama des principaux instruments de financement dilutifs utilisés lors des premiers tours de financement, en mettant l’accent sur leurs spécificités, leur utilisation stratégique et les enjeux qu’ils soulèvent pour les investisseurs.
Le financement dilutif désigne l’ensemble des mécanismes par lesquels une société lève des fonds en émettant de nouveaux titres (actions, obligations convertibles, etc.) ayant pour effet de diluer immédiatement ou à terme la participation des actionnaires existants. Contrairement au financement non dilutif (obligations non convertibles, prêts, subventions, etc.), le financement dilutif implique une redistribution du capital social et, potentiellement, du pouvoir décisionnel.
Pour les investisseurs, le financement dilutif est le mode privilégié d’investissement, car il permet de prendre part au capital de sociétés à fort potentiel de croissance, en échange d’un risque élevé. La dilution est inhérente à la dynamique de croissance des jeunes sociétés, qui nécessitent généralement plusieurs tours de financement pour atteindre leur maturité.
Les instruments dilutifs se déclinent en plusieurs catégories, chacune répondant à des besoins spécifiques de l’entreprise et des investisseurs.
L’émission d’actions ordinaires est la forme la plus simple de financement dilutif. Ce mécanisme est souvent utilisé lors des premiers tours de financement (série d’amorçage (seed) ou série A), lorsque la valorisation de l’entreprise est encore modeste.
En échange de leur investissement, les investisseurs reçoivent une portion du capital social et, attachés à leurs actions, un certain nombre de droits :
Pour les investisseurs, la souscription d’actions ordinaires offre une exposition directe à la création de valeur, mais comporte un risque élevé en cas de liquidation, d’une part car les actionnaires sont responsables des dettes de la société jusqu’à hauteur de leurs apports, et d’autre part car les actions ordinaires sont les derniers instruments (après la dette notamment) à bénéficier d’un éventuel boni de liquidation.
D’un point de vue de la mise en œuvre, l’émission d’actions ordinaires demeure relativement simple car cette opération nécessite principalement la tenue d’une assemblée générale des actionnaires de la société, laquelle se prononce sur rapports du président (dans le cas d’une société constituée sous forme de société par actions simplifiée (SAS)) et généralement d’un commissaire aux comptes (du fait de la suppression du droit préférentiel de souscription nécessaire à l’entrée de nouveaux investisseurs).
Les obligations convertibles sont des titres de créance, rémunérés au moyen d’intérêts qui peuvent être capitalisés ou non, qui peuvent être convertis en actions de la société émettrice à une date et/ou à des conditions prédéfinies.
Elles sont souvent utilisées lors de tours de financement intermédiaires (bridge rounds), lorsque la valorisation de l’entreprise est incertaine ou en phase de négociation.
Pour les investisseurs, les obligations convertibles offrent une protection relative (récupération prioritaire en cas de défaut, rémunération) tout en permettant de bénéficier de la hausse de la valorisation lors de la conversion.
Les modalités de conversion (prix, ratio, événements déclencheur (triggers)) sont des éléments clés à négocier.
En termes de mise en œuvre, les modalités sont proches de celles exposées ci-avant pour les actions ordinaires, à l’exception des éléments suivants qui complexifie leur émission. En émettant des obligations avant que les associés aient approuvé de manière régulière deux bilans de la société, les associés s’obligent à procéder à la désignation d’un commissaire en charge de vérifier l’actif et le passif de la société, qui remettra un rapport à destination des associés. Par ailleurs, si les termes et conditions des obligations convertibles peuvent être simplement prévues par les décisions des actionnaires de la société procédant à leur émission, il est vivement recommandé aux souscripteurs de conclure avec la société un contrat d’émission d’obligations convertibles, afin de négocier et sécuriser contractuellement ces termes et conditions.
A noter qu’à des stades plus avancés de développement de l’entreprise, des valeurs mobilières composées avec une base obligataire (OBSA – obligations à bon de souscription d’actions, OCABSA – obligations convertibles en actions à bon de souscription d’actions, ORA – obligations remboursables en actions…) peuvent faire leur apparition.
Les BSA et BSPCE sont des instruments donnant le droit de souscrire à des actions à un prix fixé à l’avance, généralement utilisés pour attirer et fidéliser les talents ou pour structurer des tours de financement plus complexes.
Leur attribution est souvent prévue à partir des levées en série A dans le cadre des « pools d’ESOP » (employees stock option plan), lesquels permettront aux dirigeants de bénéficier d’une réserve assurant l’intéressement des managers ou employés, au moyen de BSA et de BSPCE mais également d’actions gratuites et d’options de souscription ou d’achat d’actions.
Si les investisseurs n’y sont généralement pas éligibles, ils ne manqueront néanmoins pas d’y être vigilants dans la mesure d’une part où ces outils ont un impact dilutif sur la société, et d’autre part où ceux-ci peuvent servir à aligner les intérêts des fondateurs, des salariés et des investisseurs, tout en offrant une flexibilité dans la structuration du capital.
Les SAFE et CLA sont des instruments récents, popularisés par l’écosystème américain, qui permettent d’investir rapidement dans une startup sans fixer immédiatement la valorisation, notamment entre deux tours de financement.
Le SAFE est structuré en France sous forme d’un BSA AIR (accord d’investissement rapide), lequel donne droit à la souscription d’actions de la société lors d’un futur tour de financement, selon des modalités prédéfinies dans un contrat d’investissement. Les investisseurs seront alors particulièrement vigilants aux clauses de décôte (discount), de valorisation plancher (floor valuation), et de valorisation plafond (valuation cap)) prévues dans ces contrats.
Le CLA fonctionne de manière similaire, mais sous forme de prêt convertible.
Ces outils sont appréciés pour leur simplicité et leur rapidité de mise en œuvre, mais nécessitent une attention particulière sur les clauses de conversion et les risques de dilution.
De manière générale, les actions de préférence se retrouvent plutôt lors de tours de financement avancés (séries B, C, etc.), mais il n’est pas rare d’en retrouver dès les séries A notamment en présence d’investisseurs rompus au capital-risque.
Ces actions confèrent à leurs détenteurs des droits spécifiques, parmi lesquels peuvent se retrouver :
La préférence peut être statutaire, c’est-à-dire inscrite dans les statuts de la société (auquel cas leur création nécessitera l’intervention d’un commissaire aux avantages particuliers), ou contractuelle, hypothèse dans laquelle leurs spécificités seront inscrites dans le pacte qui sera conclu entre les associés de la société.
Le choix des instruments et la structuration des tours de financement soulèvent plusieurs enjeux majeurs pour les investisseurs :
Si les instruments dilutifs sont incontournables dans le capital-risque, ils comportent également des risques et des limites.
Pour tirer le meilleur parti des instruments de financement dilutifs, les investisseurs devront adopter une approche stratégique et rigoureuse.
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